Pour un parti des territoires

CONTRIBUTION POUR LE CONGRÈS 2022 D’EUROPE ÉCOLOGIE LES VERTS

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· Regardons-nous avec honnêteté

Nous sommes le parti des grands centres urbains dynamiques, des jeunes et des diplômés. Pire, ce n’est pas à toute la population des grands centres urbains dynamique, tous les jeunes, ni tous les diplômés que nous parlons, mais surtout aux jeunes diplômés des grands centres urbains dynamiques. Ce n’est certes pas le cas ni dans notre idéologie, ni dans nos propositions programmatiques… Pour autant, derrière la lecture médiatique parfois caricaturale qui va vite nous qualifier de “bobos”, observer nos résultats et nos zones de forces électorales nous impose d’admettre cette réalité urbaine, que nous devons regarder avec lucidité. Nous ne parlons qu’à certaines populations : elles ont un certain mode de vie et un certain bagage culturel, elles sont souvent déjà fortement sensibilisées aux causes que nous défendons, elles sont moins en prise avec le fameux dilemme “Fin du mois versus fin du monde”. Cela n’est pas dû au hasard : nous manquons de forces militantes et d’outils dans des territoires moins denses, plus ruraux, plus périurbains, plus éloignés et plus en difficultés. Et même dans des départements dits ruraux, il n’est pas rare par exemple de trouver la majeure partie des militant·e·s dans la ville-centre dynamique, restant peu ou prou dans un entre-soi sociologique, culturel, économique et territorial. Il existe pourtant une véritable économie des champs, pionnière, dans laquelle nous avons eu des réseaux historiques, mais qui reste loin de l’action politique partisane et sans doute figées dans des modèles essentiels mais limités, comme le syndicalisme paysan.

Nous avons la chance de fonctionner en interne sur un système fédéral et démocratique, qui nous permet d’avoir une approche territoriale dans le discours que nous portons au niveau national. Mais nous oublions trop souvent que les remontées du local qui servent à alimenter nos réflexions collectives par nos différentes instances régionales et nationales sont le miroir de notre sociologie si militante et électorale si spécifique. In fine, dans le fond comme dans la forme, cela participe très fortement à alimenter un certain type de discours que nous portons dans la sphère publique et médiatique au niveau national. Un discours qui apparaît trop éloigné des préoccupations des territoires et des populations, qu’ils et elles soient rurales, périurbaines, ultramarins ou en difficultés.

· Réaffirmons nos différences idéologiques

Pour autant, EELV a toujours une approche singulière des territoires autant dans son programme que dans son fonctionnement interne. Ces principes, il nous faut les réaffirmer, les enrichir, les mettre en pratique.

EELV prône un modèle d’une France fédérale avec les régions comme territoire de référence. Nous défendons un Sénat qui soit une vraie chambre des territoires, avec des élu·e·s qui seraient des représentant·e·s de ces régions fédérées. Nous défendons, aussi, une véritable autonomie financière des collectivités territoriales pour mettre en application des compétences réelles et clarifiées. Enfin, nous défendons une démocratie renouvelée au niveau local, à la fois solution au manque de représentativité comme à la perte de confiance dans le vote pour les populations. Malgré ces éléments forts, quasi uniques et très distinctifs dans le paysage des propositions politiques en France, ils ne portent pas dans la sphère publique et médiatique. Ce ne fut pas porté à débat lors des régionales de 2021. Ce ne fut pas un élément structurant dans notre discours pour la présidentielle. Ce ne fut même pas évoqué dans la construction du programme de la NUPES pour les législatives.

Mettons fin à cette invisibilisation de notre colonne vertébrale idéologique et faisons en sorte que le débat public se porte autour de nos idées, de nos valeurs, de nos propositions en la matière.

· Donnons-nous les outils pour parler à tous les territoires

Dans nos outils pour militer comme dans notre récit proposé aux citoyen·ne·s, nous ne proposons des solutions ou des façons de faire qui ne parlent qu’à certain·e·s. Ou en tout cas perçu comme tel. Ainsi, la voiture électrique comme solution ne parle pas aux personnes vivant dans des territoires peu denses, autant pour des raisons pratiques que financières. De la même façon que faire du porte-à-porte dans ces mêmes territoires est vite irréaliste du fait des distances quand on est militant·e. En cela, nous devons renouveler nos pratiques et notre vision pour créer les conditions idéales de rencontre entre le projet écologiste, celles et ceux qui sur les territoires nous aident à le porter, et les personnes auxquelles on s’adresse.

Appuyons-nous sur nos élu·e·s locaux et locales pour enrichir notre projet. Nous avons de plus en plus d’élu·e·s dans les collectivités territoriales, en témoigne le fait que nous administrons désormais au niveau municipal plus de 2 millions d’habitant·e·s, que nous avons doublé notre nombre d’élu·e·s régionaux et régionales ou, plus marquant encore, que nous sommes passé de 35 à presque 100 conseillers départementaux, un record historique pour le parti. C’est une chance pour nous, car  c’est là notre meilleur moyen pour enrichir notre projet décentralisateur fédéraliste :

  • En capitalisant sur les expériences de terrains d’une part ;
  • D’autre part, en utilisant nos élu·e·s de terrain pour créer des passerelles avec d’autres élu·e·s intéressé·e·s par notre vision institutionnelle.

Missionnons nos groupes locaux pour créer des ponts avec les territoires. Nous avons la chance d’avoir des groupes locaux partout en France sur nos territoires, certes parfois petits en taille, mais grands en motivation. Ces groupes locaux et leurs militant·e·s sont nos portes d’entrées pour créer nos réseaux locaux avec des structures, collectifs, groupes et personnes que l’on veut mettre en dialogue avec le projet écologiste. Il ne s’agit pas de faire de l’incitation à l’adhésion à notre parti – cela est et doit rester une démarche d’engagement personnel – mais plutôt de nous positionner en allié·e·s de la société civile. Cela enrichira notre projet car cela nous permettra de sortir de l’entre-soi dans lequel nous sommes actuellement.

Créons de nouveaux outils et donnons des moyens aux territoires. Sans cela, toute velléité de mieux leur parler, d’échanger et de les lier au projet écologiste est voué à l’échec. Des moyens humains et financiers sur la communication, car celle-ci est devenue un incontournable du combat idéologique que nous devons porter. Or, en maîtriser les codes qui diffèrent d’un outil à un autre, avec le temps que ça demande, les compétences dialectique, pédagogique et graphiques aussi que cela requiert est un travail à part entière. Mais, aussi et surtout, donnons leurs des outils et des moyens pour militer sur le terrain en prenant en compte les différences de conditions parfois très importantes selon que l’on soit dans le Tarn ou à Lyon, à Béziers ou dans les territoires ultra-marins, dans le périurbain ou un quartier populaire. Créer un outillage qui aille de la maîtrise de la fresque du climat à des jeux pour sensibiliser aux discriminations, de l’interpellation dans l’espace public à la désobéissance civile, de la capacité à faire de la médiation auprès de personnes dépendantes de leur voiture que de jeunes désenchantés mais à la forte conscience écologique.

Soyons originaux dans nos méthodes. Soyons irrévérencieux dans nos propositions. Et toujours, soyons reliés entre nos territoires.

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